ou les 1001 questions que je me suis posées quand j'ai tenté d'écrire ma première phrase, il y a déjà bien longtemps...
et comment je peux y répondre après des années d'écriture:
Écrire est un acte créatif, la création exige de ne pas s'enfarger dans les fleurs du tapis, mais de se lâcher lousse et de trouver son style, qui est unique!
Vous ne trouverez aucune recette ici...
La toile, les bibliothèques et librairies en regorgent. Vous n'avez qu'à taper "Écrire un roman" sur Google et vous serez inondé de liens internet ou de courriels vous proposant des tas de recettes sur Pinterest ou Instagram.
...seulement une réflexion bien personnelle sur l'écriture de mon premier roman.
Lire pour écrire. Pourquoi?
On dit que pour écrire il faut avoir lu, puis lire encore et toujours.
D'accord, en lisant on peut enrichir son vocabulaire, améliorer son style, nourrir son imagination. Toutefois on ne veut quand même pas copier un autre auteur. Non! On veut un livre unique, une histoire originale avec des personnages surprenants.
Alors lire... en quoi ça aide un auteur en devenir?
Quand on devient écrivain, on ne peut plus lire un roman de la même façon.
Avant je me laissais happer par l'intrigue, émouvoir par les personnages, étonner par les descriptions et je passais du bon temps avec l'auteur-e. C'est encore le cas aujourd'hui quand le roman est captivant et surtout bien écrit.
Cependant je suis beaucoup plus attentive à ce qui me fait apprécier un auteur ou délaisser un autre, tous ces petits détails qui font le style, le ton, les dialogues enlevants, les personnages attachants, etc...
Je peux même ajouter qu'une amie qui m'a suivie à toutes les étapes depuis le premier jour, vit avec le même tic: elle ne peut plus lire sans remarquer tout ce qui fait la qualité de l'écriture.
...et maintenant que j'ai publié un premier roman après bien des années à écrire, à me laisser surprendre par les moment de HA!, à corriger, considérer les suggestions de mes lecteurs, réécrire...
...je crois toujours que le style d'un-e auteur-e devrait être unique et faire fi de toute recette... même de la sienne propre lors de l'écriture d'un autre livre.
Puisque c'est en forgeant qu'on devient forgeron,
c'est en écrivant qu'on devient écrivain-e.
Devrais-je développer un plan?
Plutôt qu'un plan, j'avais un objectif clair: partager tout ce que j'avais découvert sur le trauma et cie et, cela, à travers le vécu de mes personnages. Pas évident! J'ai commencé sans autre plan.
J'avais une certaine idée de mon personnage principal, Marie-Jeanne, une réfugiée d'Afrique vivant depuis plusieurs années au Québec avec ses enfants. Surtout, je savais qu'elle soupirait sa vie avec ses éternels "Ah! Tu sais... moi!" Toutefois, chaque autre personnage est apparu au fil de l'écriture avec l'essentiel de son histoire et je me suis laissée inspirer par chacun.
Vint un moment où j'ai eu besoin d'avoir une idée claire de ce que j'avais déjà écrit autour de mon thème principal. J'ai revu chaque personnage à travers cette lunette pour m'assurer de ce qui était couvert tout en évitant les répétitions. Était-ce développer un mini plan en rétrospective? Qu'importe...
Le temps du roman: écrire au présent ou au passé?
J'ai fouillé la toile pour voir ce qu'il en est, surtout que beaucoup d'auteurs écrivent au passé.
J'ai choisi d'écrire au présent et je ne l'ai jamais regretté. Probablement que mon prochain livre le sera aussi.
J'ai préféré ce choix d'instinct. Maintenant que le livre est terminé, je crois qu'au présent, le lecteur vit directement avec les personnages et peut mieux entrer en résonance avec leur ressenti et leurs émotions, surtout dans un roman comme le mien, où l'intrigue relève plus de l'évolution intérieure des protagonistes que de faits extérieurs les affectant.
Écrire à la première personne ou à la troisième?
Je ne voulais absolument pas écrire une autofiction, alors j'ai écrit à la 3ième personne. Au fil des pages, une galerie de personnages importants s'est développée à côté du personnage principal, je ne vois pas comment j'aurais pu raconter leurs histoires à travers une seule voix.
Puis est arrivé "Mister Doc"un personnage d'un autre temps et d'un autre lieu qui, dans son journal, se raconte au JE, tantôt au présent, tantôt au passé.
Alors, la règle est encore: créativité, pif, liberté.
Le narrateur: neutre ou non?
Le mien reste tranquille la plupart du temps, mais de temps en temps il se paie la traite et intervient avec une question, une réflexion, un commentaire, un peu d'humour. Je trouve que ça change le rythme et permet au lecteur de faire une pause, surtout quand le sujet de fond de mon roman comporte des scènes difficiles.
Chaque fois que j'écrivais en intervenant à travers mon narrateur, j'avais l'impression de me connecter avec la personne en train de lire et d'établir un dialogue.
Encore ici, pas de règle: créativité, pif, liberté.
La fameuse et pas du tout redoutable page blanche
Existe-t-elle vraiment? Serait-ce plutôt un moment exigeant un arrêt dans le processus de création, une respiration dans l'écriture, une ouverture à l'inattendu?
Un carrefour où l'auteur-e peut changer de direction ou continuer sur le même chemin?
Certains vont marcher dans la forêt, en quête d'inspiration.
Moi, c'est sur l'axe des X que je me mets dispo à tout ce qui peut se présenter. Il y a certains moments où j'aurais aimé avoir un bidule branché sur mon cerveau pour enregistrer tout ce qui s'y tramait...
Les descriptions: trop ou trop peu?
Récemment, je suis tombée sur un roman où chaque fois qu'un personnage apparaissait, on décrivait comment il était vêtu. Oui, chaque fois. Quelle garde-robe!
Quand je lis de la fiction, il me suffit de quelques détails bien ciblés sur l'époque, le lieu, les personnages que je préfère imaginer par moi-même et ces représentations tout à fait personnelles m'accompagnent tout au long des pages.
Aussi, j'apprécie les descriptions poétiques qu'on trouve chez certain-es auteur-es, comme chez Richard Powers, un auteur américain.
J'écris donc comme j'aime lire.
Écrire un roman est-il un art ou une technique?
Un jour, lors d'une vive discussion avec des amis dont un était éditeur et une autre, écrivaine, on aborda cette question : Il y eut autant de points de vue que de personnes.
Écrire de la fiction est un acte de pure création. Bien sûr qu'on doit connaître sa langue, ses règles; qu'on doit savoir exprimer sa pensée; avoir des idées à partager, de l'imagination, du style, du vocabulaire... et tout ce que vous pouvez ajouter.
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